Lorsque Ronald Melzack publie un article décrivant en détail la théorie des portillons qu'il a formulée avec son collaborateur du MIT, Patrick Wall, il est à des lieues de se douter que ce texte deviendra l'un des articles de neurosciences les plus cités de tous les temps.
« L'idée déplaisait totalement aux gens. Les premiers articles consacrés à notre travail cherchaient à démolir la théorie », se rappelle Melzack, aujourd'hui professeur émérite de psychologie.
C'est que l'article remettait radicalement en question les idées reçues. Melzack y démontrait que la douleur n'est pas strictement affaire de causes et d'effets : la façon dont le cerveau perçoit une blessure est moins tributaire du stimulus que des expériences antérieures et d'autres afférences (input) dans le cerveau lui-même. En d'autres termes, la douleur est dans la tête, pas dans les nerfs. C'était une approche radicale et controversée à l'époque.
Avant Melzack et Wall, « peu de chercheurs s'étaient intéressés au problème neurophysiologique de la douleur, savaient quelles questions poser ou comment l'étudier », selon Kenneth Casey, du Centre médical de l'Université du Michigan. « Leurs travaux ont été un tremplin, ils ont contribué à définir les questions qui allaient dominer ce champ de recherche parce qu'elles étaient si courageusement explicites ».
Dans la foulée de ces travaux, Ronald Melzack a conçu le Questionnaire sur la douleur de ¿´Æ¬ÊÓƵ, un outil clinique qui demeure très largement utilisé dans l’évaluation de l’intensité de la douleur ressentie par les patients. Lauréat d’un Prix Killam et officier de l’Ordre du Canada et de l’Ordre du Québec, Ronald Melzack a été intronisé au Temple de la renommée médicale canadienne le 29 avril 2009, en reconnaissance de ses « contributions exceptionnelles à la science médicale et à l’amélioration de la santé et du mieux-être partout dans le monde ».