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Une bonne idée devenue réalité

Des étudiants en génie et en kinésiologie conçoivent un sac à dos capable de filtrer l’eau pour les habitants de régions éloignées

Deux bonnes idées, c’est bien, mais une excellente idée, c’est mieux.

Bernadette Ng et Tirza Pang, étudiantes en génie, étaient impatientes de partir en voyage avec l’organisme humanitaire Global Brigades pour aller construire des conduites d’eau en Amérique latine. Lorsqu’elles ont appris que tous les voyages étaient annulés en raison de la pandémie de COVID‑19, elles se sont mises à la recherche d’autres façons de faciliter l’accès à l’eau potable dans les zones rurales.

Il existait déjà une technologie simple de filtration et d’assainissement de l’eau, et on disposait de moyens pour transporter cette ressource. Mais il n’existait « aucune solution combinant le transport et la filtration de l’eau », souligne Bernadette Ng, étudiante de troisième année en génie mécanique. En région éloignée, les habitants mettent souvent plus de deux heures pour aller chercher de l’eau et la rapporter chez eux. « La purification de l’eau pourrait peut-être commencer pendant ce temps? »

Toutes deux membres de l’équipe , Bernadette Ng et Tirza Pang ont soumis leur idée lors d’un concours de biotechnologie et ont recruté d’autres étudiants comme collaborateurs. Fruit de cette initiative, le projet du sac à dos SOlar‑A illustre à merveille tout le potentiel de l’apprentissage expérientiel préconisé par l’Université.

En quĂŞte de solutions

Composée principalement d’étudiants en génie, l’équipe a conçu un contenant en plastique transparent pouvant être fixé au harnais d’un sac à dos. L’eau passe d’abord par un filtre à charbon actif, qui la purifie, après quoi elle est exposée aux rayons ultraviolets du soleil, qui neutralisent les bactéries et les agents pathogènes. Un capteur détecte les rayons UV qui entrent dans le contenant et au bout de quatre à six heures, l’eau est prête à boire.

Les étudiants en kinésiologie faisant partie de l’équipe ont perfectionné la technologie de conversion des mouvements de marche en énergie qui fait fonctionner le capteur. Ils aimeraient maintenant arriver à créer un surplus d’énergie pouvant être emmagasiné pour un usage ultérieur.

L’équipe a voulu améliorer la capacité du contenant à absorber la chaleur. « En augmentant la température, on pourra peut-être aussi augmenter l’efficacité. Nous essayons d’ajouter un revêtement intérieur en aluminium. Les rayons seront ainsi réfléchis dans le contenant et pourront traiter l’eau un peu plus longtemps. »

Au départ, les étudiants voulaient créer une cruche de 20 litres, mais ils ont suivi les conseils de Christopher Nzediegwu, boursier postdoctoral à l’Université de l’Alberta, diplômé mcgillois et un des mentors de l’équipe, qui transportait de l’eau pour sa famille quand il était enfant. « Il nous a dit que 20 litres, c’est lourd, raconte Bernadette Ng. Surtout pour un enfant, une femme enceinte ou une mère qui porte son bébé. »

Actuellement, beaucoup de gens utilisent des seaux ayant déjà contenu des produits chimiques. Les cruches sont assurément une meilleure option pour le transport de l’eau potable. L’équipe fixera une durée maximale d’utilisation des cruches, au-delà de laquelle le plastique risque de commencer à se dégrader et à s’introduire dans l’eau.

Du travail de terrain pensé par les étudiants

En mai, sept membres de l’équipe feront l’essai de SOlar‑A sur le terrain, lors de leur voyage tant attendu avec l’organisme Global Brigades, dans une rĂ©gion Ă©loignĂ©e du Honduras oĂą l’accès Ă  l’eau est difficile. Le DĂ©fi impact200, concours Ă©tudiant sur le dĂ©veloppement durable de ż´Ć¬ĘÓƵ, financera une partie du voyage.

Pour ses matériaux, l’équipe reçoit un soutien financier de l’initiative Génie sans limites de la Faculté de génie, dirigée par April Babey, conseillère en développement des compétences. « Il y a un écart entre les compétences recherchées par les employeurs et celles que possèdent les étudiants : mon programme vise à combler cet écart », explique-t-elle. La bourse Destination monde contribue au financement de projets aux visées sociales. « Nous laissons les étudiants nous proposer leurs idées, sans contraintes, dit-elle. Nous leur demandons ce qu’ils pensent pouvoir réaliser en 12 à 16 semaines pendant l’été, avec le soutien financier nécessaire. »

ł˘â€™i˛Ôľ±łŮľ±˛ąłŮľ±±ą±đ GĂ©nie sans limites offre Ă©galement un appui financier au programme Change the World, au Royaume-Uni, dont la mission s’articule autour des 17 Objectifs de dĂ©veloppement durable de l’ONU. Cette annĂ©e, par exemple, un Ă©tudiant se rendra en Antarctique pour mener des recherches sur les changements climatiques; d’autres Ă©tudiants iront construire des ponts en Eswatini.

ł˘â€™i˛Ôľ±łŮľ±˛ąłŮľ±±ą±đ GĂ©nie sans limites propose aussi les ateliers Engineer Your Path, qui invitent les Ă©tudiants Ă  s’interroger sur ce qu’ils souhaitent lĂ©guer Ă  la sociĂ©tĂ©. « VoilĂ  l’esprit du programme, prĂ©cise April Babey. Je n’ai aucune envie de dicter aux Ă©tudiants ce qu’ils doivent faire; je veux plutĂ´t les aider Ă  rĂ©aliser leurs propres idĂ©es. »

Bernadette Ng

En commençant ses études en génie, Bernadette Ng savait déjà qu’elle voulait travailler à l’amélioration de la santé à l’échelle mondiale. « Dès ma deuxième année, j’ai voulu commencer à agir, confie-t-elle. Je n’avais pas à attendre d’avoir terminé mon baccalauréat et trouvé un travail pour aider les gens. Je pouvais commencer bien avant. »

Un travail concret

Le projet a demandé une grande finesse technique, mais selon Bernadette, le plus grand défi a été d’échanger avec l’équipe uniquement en mode virtuel en raison de la pandémie. Il aura fallu un an et demi avant que les coéquipiers puissent se réunir à l’Université. « C’est tellement plus agréable et motivant de se voir en personne. C’est là que nous réalisons que nous construisons quelque chose ensemble. En génie, tout particulièrement, on veut faire du travail concret et mettre la main à la pâte. »

Selon April Babey, l’expérience vécue par Bernadette Ng dans le cadre de ce programme – organisation du groupe, collaboration à distance et résolution de problèmes techniques – exige résilience et créativité. « C’est la raison d’être de l’apprentissage expérientiel. On doit se débrouiller et relever des défis concrets dans un environnement où les variables ne sont pas contrôlées comme en salle de classe. »

Une fois que l’équipe a pu se réunir en personne, le projet a pris son élan. « Plus on voyait de résultats, plus ça nous motivait à travailler rapidement », ajoute Bernadette. Les étudiants ont reçu une tonne de commentaires des professeurs, des mentors et des professionnels du domaine, ce qui les a fait progresser rapidement et a renforcé leur intention de perfectionner au maximum le sac à dos SOlar‑A avant leur départ pour le Honduras.

« J’ai très hâte de voir comment notre projet sera reçu au Honduras et de savoir quelles améliorations nous pourrons apporter à notre produit. J’ai aussi hâte d’aider concrètement les gens à avoir accès à l’eau : c’est d’abord pour cette raison que j’ai choisi de faire des études en génie. »

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