13e colloque estudiantin du DLTC : Aménager la liste
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Le 7 octobre 2020, paraissait l’inventaire posthume de la bibliothèque de Réjean Ducharme (Bertrand, Jean et Martel, 2020), dans le but de donner accès aux références et à l’imaginaire de l’auteur ; restée intacte, la bibliothèque porte en creux la présence de l’écrivain, et son catalogue en structure le souvenir. Le rapprochement entre inventaire et mémoire est loin d’être anecdotique, puisqu’il est central à l’esthétique de la liste et des formes textuelles qui y sont associées. L’Association des étudiant·e·s en littératures de langue française, en traduction et en création inscrit·e·s aux études supérieures de l’Université ¿´Æ¬ÊÓƵ (ADELFIES) vous invite à participer à la treizième édition de son colloque estudiantin : Aménager la liste. L’événement se tiendra de façon virtuelle, les 18 et 19 mars 2021.
La mémoire est au cœur de l’« imaginaire sériel » (Dupont et Trudel, 2019), des listes d’épiceries et autres aide-mémoire de la vie quotidienne aux formes juridiques comme les testaments. L’organisation des savoirs en listes et catalogues favorise leur mémorisation en plus d’assurer leur transmission aux générations futures. Cette visée est centrale à une entreprise comme celle de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, à propos de laquelle on a pu parler d’une arche de Noé intellectuelle (Starobinski, 2012).
La liste se trouve donc à la limite du littéraire. Son intégration au récit crée un contraste important, source de surprise pour le lecteur ou la lectrice : c’est « l’effet-liste » (Rabatel, 2011), qui fait de cette forme un « kyste textuel » (Jeay, 2006). Discours organisé, la liste, tout comme la description, repose sur un principe de métonymie (Hamon, 1981). Cependant, de par sa proximité avec le discours savant, elle est en littérature le lieu de renversements parodiques et de déconstruction (Milcent-Lawson, Lecolle et Michel, 2013). De fait, la liste oscille entre le discours totalisant de l’encyclopédie et l’énumération chaotique qui pervertit les codes du savoir organisé, comme dans le catalogue de la bibliothèque de Saint-Victor chez Rabelais.
La bibliothèque, qu’elle soit physique ou imaginaire, constitue la « mémoire de la littérature » (Samoyault, 2001). Elle convoque la notion encore plus large de la transtextualité et souligne au passage la dimension itérative de la littérature. Au centre de ce maelstrom : la bibliothèque dans sa dimension matérielle, qui peut servir à la fois de point de départ et de point d’ancrage, et qui constitue finalement un « filtre entre le texte et le monde » (Samoyault, 2001).
La compilation des savoirs pose la question de leur sélection et de leur hiérarchisation – mais par qui et pour qui ? Car la légitimation des pratiques littéraires et scientifiques est indissociable des rapports de pouvoir. Qui dit classification dit inclassable : il n’est pas toujours possible d’assigner un texte, une pratique, une identité à une catégorie précise. Si l’inventaire assure la mémorisation, est-ce à dire que l’inclassable est condamné à l’oubli ?
Pour consulter le site officiel du colloque:
Pour assister au colloque: Ìý
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